C'était un Pillotou

C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...

  • Il est venu au monde dans les Côtes du Nord,
    Contrée désertique de landes et de chaos,
    Où l'on parle Breton, où l'on cause Gallo,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Il usa ses sabots dans les chemins pierreux,
    Fréquenta peu les bancs de l'école du curé,
    Veilla plutôt les vaches, aux champs, à l'étable,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Pour lui pas de chaleur, de douceur au foyer,
    Mais une âpre affection chichement distribuée,
    Et pour grand-mère une rude paysanne,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Battant la campagne, de son pas arpentée,
    À la recherche de peaux, papiers et chiffons,
    Échangés contre gants, serviettes et torchons,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Les hasards de la vie l'emmenèrent bien loin,
    Dans la région de Nantes, béni soit Leblanc,
    Famille qui l'accueillit comme leur enfant,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    La guerre survint, le balayant parmi d'autres,
    Il connut la défaite, fut fait prisonnier,
    Tînt bon dans les confins, bien loin de son aimée,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Ruiné par la guerre, de courage il s'arma,
    Reprenant ses chines, les chemins parcoura
    S'installant finalement à Saint-Nicolas,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Un pas après l'autre, une maison puis deux,
    Tchatcheur tout autant qu'il était travailleur,
    Chiffonnier pour les uns, pour les autres Ferrailleur,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    À nous ses petits-enfants, à moi le premier,
    Il fut le grand-père dont chacun peut rêver,
    En colère parfois, mais les mains occupées,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Comment oublier ces week-ends, ces vacances,
    Passées dans son chantier, fameux terrain de jeux,
    À égarer ses outils, sans courroux risquer,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Réveil au son du rasoir et radio mêlés,
    Deux heures de partage, magie dans l'atelier,
    Jusqu'à voir enfin le jour daigner se lever,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Dans la cour les balances, et le Manitou,
    Aux commandes promises et bientôt confiées,
    Il nous faisait confiance, nous rendait confiants,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Pendant bien des soirées, des histoires enchantées,
    Mille fois racontées, Mille fois écoutées,
    En cherchant la Grande Ourse sur la voute étoilée,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Quel regret vraiment de n'avoir pas hérité,
    Son ardeur, sa joie, sa belle faconde,
    Sa capacité à aller vers le Monde,
    C'était un Pillotou, un Pillotou de Lanfains ...
     
    Ce Pillotou-là, ce Pillotou de Lanfains,
    C'était mon grand-père, et c'était mon héros.

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