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autoconstruction en bois

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Au départ de mes réflexions, (c'est à dire en 2005/2006), j'habite une maison tout ce qu'il y a de plus classique dans un lotissement.

Quand je commence à envisager de la vendre pour changer de cadre,  j'ai pour objectif :

  • de m'installer à la campagne, pour avoir un peu d'espace vital;
  • de construire d'une manière un peu plus écolo, ce qui me semblait naturel à la campagne;
  • de faire en sorte que ma future maison soit plus économique.

Ma réflexion sur ces sujets est alors, je dois le dire, tout juste balbutiante.

D'abord, je m'aperçois assez vite que les isolants naturels, pour chers qu'ils soient, n'isolent pas plus (et parfois un peu moins), qu'une bête laine de verre.

Ensuite, je fais le tour des moyens modernes et efficaces de se chauffer : chaudières à condensation, géothermie, aérothermie, et je note aussi les coûts faramineux de tous ces systèmes ...

À ce stade, je suis assez perplexe, car tout ce que je trouve affole mon portefeuille ...

Perplexe, donc, je continue mes recherches.

Je découvre alors une série de sites qui éclairent le monde de la construction d'un jour nouveau.
On y parle beaucoup technique : négawatts, isolation certe, mais aussi déphasage, inertie thermique, effusivité, gestion de la vapeur d'eau, énergie solaire, ventilation, étanchéïté à l'air ...

Un peu noyé par cette avalanche de nouveaux termes, de nouvelles notions, je reste d'abord dubitatif devant tous ces propos, pas toujours très argumentés.
Puis, en creusant la question, je commence à m'y retrouver, à trouver des références sérieuses, et tout finit par prendre un sens.

Le sens général peut se résumer à la phrase suivante (je n'en connais pas l'origine exacte) : "l'énergie la moins chère est celle qu'on ne consomme pas".
Et cela me saute alors aux yeux : pourquoi investir dans de coûteux systèmes de chauffage, qu'il faudra entretenir, remplacer, alors qu'on peut diminuer énormément nos besoins en chauffage, voir même, jusqu'à s'en passer ?

Creusant toujours plus la question, je découvre le bioclimatisme, les notions de maison basse consommation, puis de maison passive ...
Je m'aperçois aussi que tout cela se marie naturellement à l'écologie, c'est à dire, appliquée à la construction, à l'utilisation de matériaux naturels et renouvelables.

J'en arrive enfin à découvrir les maisons en paille, et le monde de l'auto-construction qui va généralement avec.

Cette fois, les grandes lignes qui vont orienter mon futur projet se dessinent clairement, et cela commence à me passionner ...

J'ai alors découvert les maisons en bottes de paille, et, emballé, j'ai participé à des stages et des chantiers participatifs.

Ce concept est vraiment très intéressant, et réunit quasiment tous les avantages.

Du point de vue constructif, les techniques sont assez simples, la matière première est disponible localement, et leur coût est plus que raisonnable.

Du point de vue thermique, ces murs donnent d'excellents résultats.

Du point de vue humain, ces constructions sont généralement le fait d'auto-constructeurs, et rassemblent de nombreuses personnes autour de chantiers participatifs humainement très riches.

Seul vrai défaut à mes yeux : les murs en bottes de paille nécessitent des enduits (terre, chaux) pour les protéger (de l'eau comme du feu), et ces enduits demandent énormément de temps en préparation, mise en place, séchage ...
Et ce temps, il faut être prêt à se l'accorder, ou bien à le payer ...

Aujourd'hui encore, après avoir choisi une autre technique, je ne peux m'empêcher de rêver à chaque fois que je visite une telle maison ...

Après avoir douloureusement abandonné le principe des maisons en paille, je me suis intéressé aux maisons en bois.

On trouve de nombreuses techniques : poteaux-poutres, colombages, ossature bois (MOB), madriers, fustes ...

Dans un premier temps, je me dirige vers l'ossature bois en raison de l'existence de nombreux artisants qui maitrisent cette technique.
Dans un deuxième temps, le choix de l'auto-construction conforte ma décision, car ce principe de contruction ne me paraît pas trop inabordable du point de vue technique.

De plus, on est très libre quant à la finition des murs.
A l'extérieur, on peut opter pour de l'enduit, ou des bardages, jointifs ou non, horizontaux ou verticaux.
A l'intérieur, tout est possible : fermacel, enduits, lambris ...

Enfin, il est assez facile de beaucoup isoler une telle maison, y compris la dalle.

Bref, tout pour me plaire ...

Les contours de ma maison se dessinent alors ...

Le terrain ayant été soigneusement choisi, l'orientation ne pose pas de soucis : ce sera plein Sud !

En poussant le concept un peu plus loin, je décide d'ouvrir complètement la maison au Sud, via des baies vitrées, autant pour bénéficier des apports solaires passifs que pour profiter de la vue sur la campagne. Ceci sans oublier un débord de toiture qui fera office de protection solaire en été, tout en supportant d'éventuels panneaux solaires.

Dans le même temps, je ferme complètement sur les autres côtés (ce choix est un peu extrème mais j'assume).

Je prévois l'atelier et le garage comme espace tampon, à la fois au Nord et à l'Est, tandis qu'à l'Ouest, des arbres me protègent naturellement des vents dominants.

Etant donné la nature du sol (quatre mètres d'argile), des fondations sur pilotis s'imposent, et je m'oriente vers une dalle en bois bien décollée du sol.

J'avoue avoir hésité un moment, car au début j'avais une préférence pour une dalle lourde posée sur un hérisson. Mais cette dalle en bois sera finalement plus facile à isoler fortement, et le fait de la positionner légèrement au dessus du niveau du sol donnera un petit côté aérien à la maison (surtout quand la terrasse sera en place).

Après avoir également hésité un bon moment, je me laisse tenter par une toiture végétale, qui devrait s'accorder avec bonheur à la végétation alentours.

Le principal avantage que j'y vois est esthétique. Mais accessoirement, cette toiture végétale contribuera activement au confort d'été, grace à l'important déphasage  thermique qu'elle apporte.

Les principes du bioclimatisme étant ainsi acquis, il me reste à concentrer mes efforts sur l'isolation,  l'étanchéïté à l'air, et la ventilation.

Pour l'isolation, je vise 30cm d'isolant dans la dalle, les murs, et 35cm au plafond.

J'envisage d'utiliser comme matériaux :

  • le liège en vrac dans la dalle, pour sa bonne résistance à l'humidité;
  • les copeaux de bois dans les murs, et si possible au plafond;
  • éventuellement de la ouate de cellulose au plafond.

Pour l'étanchéïté à l'air, il s'agira de soigner la pose du frein vapeur, et de ne pas faire d'économie sur les adhésifs de jointage.

J'opte enfin pour une ventilation double-flux, seul élément technologique de ma maison, indispensable à mon avis pour assurer à la fois un gros brassage de l'air été comme hiver (donc une bonne qualité de cet air), et une faible perte énergétique.

A ce point, le gros défaut de ma maison est la faible inertie thermique, du fait de l'absence de matériaux lourds à l'intérieur de l'enveloppe isolée.

Je décide donc d'ajouter de la masse en intégrant, au dessus de la dalle en bois, de la terre comprimée surmontée de tomettes.

L'inertie thermique ainsi apportée sera cosmétique, mais il ne faut pas oublier que le projet est situé en Bretagne ...

Situé en pleine campagne, le projet nécessite un système d'assainissement individuel.

L'assainissement consiste à gérer les eaux polluées d'une maison, c'est à dire :

  • les eaux grises (évier, douches, machines à laver) : pollution chimique;
  • les eaux vannes (chasses d'eau des toilettes) : pollution bactériologique.

A y regarder de plus près, on s'aperçoit que les eaux vannes représentent un gros volume d'eau, alors que les matières organiques qu'elles transportent (et qui les polluent), sont d'un volume extrèmement plus réduit.

Il apparaît alors comme un véritable gachis d'utiliser tant d'eau, juste pour le transport de matières organiques, d'autant qu'on devra ensuite dépolluer toute cette eau à grands frais !

La solution est donc de se passer de chasse d'eau, et d'utiliser des toilettes sèches, ou plus exactement des TLB : toilettes à litière biomaitrisée. Qu'on ne s'y trompe pas, ces TLB n'ont rien à voir avec les toilettes au fond du jardin du siècle dernier.

Il s'agit ici, par l'ajout de carbone (sciure et copeaux de bois) aux matières organiques, à la fois d'empêcher le dégagement de mauvaises odeurs, et d'initier un compostage tout ce qu'il y a de plus naturel. On réalise ainsi un cycle complet, en rendant finalement à la terre, non pas sous forme de déchet mais sous forme d'engrais, les matières qui nous ont nourris.

À ce point, il ne reste que les eaux grises à gérer : un système à phytoépuration s'impose alors.

Le principe consiste à faire passer les eaux grises successivement dans plusieurs bassins. Chaque bassin contient un substrat (galets, graviers, pouzzolane) sur lesquels poussent des plantes aquatiques. Le substrat est rapidement colonisé par des bactéries qui dégradent les polluants en composés assimilables par les plantes.

Ce système nécessite un peu d'entretien : nettoyage des abords, desherbage ...

Rien de bien méchant !

Je vais décrire ici les extensions qui, en fin de projet, seront réalisées ou pas, en fonction des finances et de l'énergie qui me resteront ...

Première extension

Elle consiste en une production d'eau chaude solaire, via un capteur de 4 m2 et un ballon de 200 litres.

Cela reste assez simple techniquement, mais le vrai défaut est le prix. Du coup, la rentabilité n'est assurée qu'à long terme, et c'est pourquoi je qualifierai ce choix d'acte "militant".

Il est cependant intéressant, écologiquement parlant, de produire ainsi naturellement plus de la moitié de l'eau chaude sanitaire qu'on consomme, même si le bénéfice pécunier reste modeste ...

Deuxième extension

Elle consiste en la production d'électricité via des capteurs photo-voltaïque. L'intérêt est ici avant tout financier, puisque du fait des tarifs de rachats par EDF, cet investissement peut s'auto-financer, et rapidement financer certaines des charges de la maison : taxes locales, électricité consommée ...

Je suis plus circonspect sur le plan de l'écologie : en l'absence de solution de stockage efficace, cette production d'électricité photovoltaïque me paraît difficilement exploitable sans la "doubler" par la production d'électricité d'une centrale thermique, seule capable de prendre le relais les jours "sans" ...

Je suis également gêné que le tarif de rachat soit financé par une taxe payée par les abonnés au réseau EDF ...

Troisième extension

Elle consiste en un système de récupération de l'eau de pluie.

Du fait de la toiture végétale et de la présence de toilettes sèches, l'eau ainsi récupérée aurait surtout son utilité dans le jardin.

Mais le coût de ce genre de système me fait pour l'instant reculer.

Enfin, je verrais en fin de chantier ...